Si demain m’était conté !
Il est fin mai. En plaine, les pelouses jaunissent, la chaleur sature l’air, les climatiseurs ronronnent. À Montpellier, le thermomètre flirte déjà avec les 34 °C. Mais ici aux Estables, à 1 350 mètres d’altitude, le printemps bat son plein. L’herbe est d’un vert fluorescent, les jonquilles tapissent les prairies. Le soleil chauffe les joues sans écraser les corps. Il fait 18 °C à midi, 9 °C la nuit c’est parfait.

Bienvenue en moyenne montagne, ce coin d’altitude trop souvent ignoré au profit de la vallée ou du bord de mer, mais qui, demain, pourrait bien s’imposer comme le refuge climatique de ceux qui aiment encore respirer.

Ici, le temps prend le temps. On voit les forêts bourgeonner, les oiseaux réapparaître un à un. Tandis que le Sud s’embrase de plus en plus tôt, +70 % de journées à plus de 35 °C attendues d’ici 2050 dans les régions méditerranéennes, alors que nos plateaux, eux, restent frais, verts et accueillants. Même au cœur de l’été, il n’est pas rare de dormir fenêtres ouvertes, sans un souffle de clim.

Et que dire des sensations ? L’air y est plus sec, plus léger. Les ciels sont plus clairs, les couleurs plus franches, les nuits plus étoilées. Une randonnée au Mézenc en juin et même en juillet, est une symphonie de fleurs, de lumières et de silence. Une terrasse à La Table des Maquignons, c’est un déjeuner à 23 °C pendant que les villes suffoquent.

Ici, on cultive la fraîcheur sans clim, le luxe de l’espace sans foule, l’aventure à échelle humaine. Nos fromages sentent la transhumance, nos viandes parlent de terroir, nos chemins sentent l’ail des ours.

Alors oui, le printemps est partout. Mais le vrai printemps, celui qui se mérite, celui qui se respire, celui qui nous reconnecte au vivant, c’est ici. En moyenne montagne. Là où demain se trouvera la vraie quiétude, le vrai bonheur !